On pouvait voir dans leurs yeux l’affection que les deux coéquipières de longue date ont l’une pour l’autre et leur immense satisfaction d’avoir défendu leur titre acquis il y a quatre ans à Vancouver.
Ce fut probablement le moment le plus tranquille de la soirée pour l’équipage de Canada-1.
Quelques minutes plus tôt, Humphries et Moyse étaient en extase après avoir réalisé qu’elles avaient gagné l’or, sautant sur place et criant avant d’aller rejoindre leurs familles et amis dans les estrades.
«Nous avons réagi de cette façon parce que nous avons tout laissé sur la table, a expliqué Moyse, une native de Summerside, sur l’Île-du-Prince-Édouard.
«Nous étions heureuses de notre parcours et nous ne nous pouvions pas contrôler ce que les autres allaient faire. C’était un moment énervant parce nous ne pouvions qu’attendre de voir ce que les Américaines allaient faire.»
On ne peut pas les blâmer d’avoir réagi de la sorte. Avant les deux dernières descentes de mercredi, l’équipe États-Unis 1 d’Elana Mayers et Lauryn Williams détenait une mince avance de 0,23 seconde sur les Canadiennes
Mais après leur première descente, Humphries et Moyse avaient réduit l’écart de moitié, passant à seulement 0,11 seconde des Américaines.
Humphries ne connaissait par l’écart qui la séparait de la tête avant de s’élancer pour sa dernière descente. La pilote préfère ignorer les chronos, contrairement à sa freineuse.
«Je l’ai regardé et je lui ai dit que c’était possible, a expliqué Moyse. Et c’est tout ce que Kailie avait besoin de savoir. L’écart n’était pas mince, mais c’était faisable.»
Après un bon départ et un solide pilotage de la part d’Humphries, les deux Canadiennes ont réalisé un temps de 57,92 secondes lors de leur dernier essai.
Les Américaines l'échappent
Dernières participantes à s’élancer, les Américaines avaient la médaille d’or à portée de main. Et elles l’ont échappée.
Leur bolide a touché le mur à plusieurs reprises et a même failli se renverser. Elles ont finalement obtenu un chrono de 58,13 secondes, un dixième de seconde derrière Humphries et Moyse.
Le podium a été complété par une deuxième formation américaine, celle d’Aja Evans et Jamie Greubel.
De son côté, Canada 2, composé de Jennifer Ciochetti et Chelsea Valois, a pris le 13e rang.
«C’est notre constance qui a payé, a observé Humphries, originaire de Calgary. Nous avons réussi quatre très bons départs et quatre bonnes descentes. C’est ce qu’il faut pour gagner aux Olympiques ou aux Championnats du monde.»
«Nous avons fait la même chose que lors des trois descentes précédentes, a continué l’athlète de 28 ans. Nous avons poussé aussi fort que nous pouvions et j’ai piloté comme j’en suis capable.»
Dans la zone mixte, un journaliste a demandé à Humphries si elle serait de retour pour les Jeux de 2018.
«Nous verrons», a-t-elle répondu.
«Nous allons faire la fête d’abord», a ajouté Moyse en riant.
«Pour l’instant, je peux dire que je prévois continuer, a dit Humphries. Mais j’ai des nouveaux buts et des nouveaux rêves que je veux réaliser. Si cela fonctionne, oui vous me verrez sur la piste dans quatre ans.»